Interrogé sur le plateau de France Info mardi 25 août 2020, l’eurodéputé EELV Yannick Jadot a affirmé que les betteraves étaient arrosées « 24h sur 24 » en Picardie et dans l’Aisne. Une affirmation jugée fausse par l’Institut technique de la betterave, l’Agence de l’eau et le ministère de l’Agriculture.
Yves Courtaux, responsable régional de l’Aisne à l’Institut technique de la betterave : [FakeNews] @jadot « Je viens de l’Aisne, grand département betteravier. L’été, les betteraves sont arrosées 24 heures sur 24, en pleine sécheresse ».
Vincent Guyot, céréalier dans le nord de l’Aisne : « Moi, je suis @LeBetteravierFR dans votre département d’origine : #Aisne et je n’arrose pas H24 … Vos mensonges vous perdront Mr @yjadot«
Les betteraves sont-elles irriguées 24h sur 24 dans l’Aisne en pleine sécheresse ? C’est ce qu’a affirmé Yanick Jadot le 25 août dernier sur France Info (1). À la suite de questions sur la réintroduction des néonicotinoïdes réclamée par les betteraviers, l’eurodéputé Europe Ecologie Les Verts a ajouté : « Je viens de l’Aisne, grand département betteravier. L’été, les betteraves sont arrosées 24 heures sur 24, en pleine sécheresse« . De quoi alarmer sur les volumes d’eau utilisés pour ces cultures.
Qu’en disent les experts ?
Selon François Courtaux, responsable régional de l’Aisne à l’Institut technique de la betterave (ITB) contacté par DecodAgri, environ 5 % de la surface de betterave est irriguée en Picardie. Et ces surfaces reçoivent maximum 100 millimètres d’eau. Les agriculteurs ne peuvent en effet couvrir tous les besoins en eau de la betterave, les installations d’irrigation étant dimensionnées aux besoins des pommes de terre et légumes de pleins champs (petits pois, haricots, carottes, oignons…).
De son côté, l’Agence de l’eau Seine-Normandie précise que sur la zone Oise-Aisne, 75 % du volume d’eau prélevé est destiné aux pommes de terre et aux légumes (2). Les agriculteurs qui irriguent les betteraves le font essentiellement quand les cultures à rentabilité plus élevée n’ont plus besoin d’eau.
Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture (3), en 2016, seuls 1 à 5 % de la surface consacrée à la production agricole dans les Hauts-de-France, dite surface agricole utile* (SAU), étaient irrigués en 2016 .
L’exception parisienne
François Courtaux de l’ITB souligne que la situation n’est pas la même au sud de Paris où environ 50 % des betteraves sont irriguées. Les champs y reçoivent environ 200 millimètres d’eau. « Là-bas, l’irrigation a été installée entre autres pour les betteraves, ce qui n’est pas le cas dans l’Aisne », explique-t-il à DecodAgri.
Les régions plus sèches portent le pourcentage de betteraves irriguées à l’échelle de la France à 10,7 % en 2010 et 11,7 % en 2016.
À retenir : Les betteraves ne sont pas arrosées 24h sur 24 dans l’Aisne. Dans ce département, seuls 5 % des surfaces reçoivent un complément d’eau pendant leur culture, comme l’attestent l’Institut technique de la betterave, l’Agence de l’eau Seine-Normandie et les chiffres du ministère de l’Agriculture.
| *Définition Surface agricole utile (SAU) : indicateur statistique destiné à évaluer le territoire consacré à la production agricole. La SAU est composée de terres arables (grandes cultures, cultures maraîchères, prairies artificielles…), surfaces toujours en herbe (prairies permanentes, alpages) et cultures pérennes (vignes, vergers…). Elle n’inclut pas les bois et forêts. Elle comprend en revanche les surfaces en jachère (comprises dans les terres arables). |
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(2) https://web.archive.org/web/20200831151918/http://www.eau-seine-normandie.fr/taxonomy/term/31
