Cannes, Reims, Menton, Amnéville ou encore Suresnes, ont choisi de désinfecter rues et espaces publics de leurs villes pour limiter la propagation du coronavirus Covid-19. Quelque 350 agriculteurs se tenaient prêts à prêter main-forte. Mais est-ce efficace ? Après plusieurs demandes aux autorités pour obtenir une réaction officielle, le Haut Conseil de la santé publique a répondu à la question dans un avis publié ce mardi 7 avril 2020.
Ville de Reims : « Lancement ce matin à #Reims des opérations de #désinfection des espaces publics, avec une priorité donnée aux abords des #secteurs fréquentés comme les #commerces de bouche, certains centres commerciaux et les établissements de #santé. »
Ville de Suresnes : » Gares, arrêts de bus, aires de jeux, corbeilles, boites jaunes de la Postes, bancs, ascenseurs de la Ville, rampes d’escaliers et même « toutounets » ont fait l’objet d’une désinfection. Elle sera renouvelée deux fois par semaine. »
Fin du silence. Plusieurs villes de France ont lancé des opérations de désinfection des rues dès le mois d’avril. Faute d’obtenir une réponse officielle sur l’efficacité de l’assainissement des voiries pour limiter la transmission du Covid-19, des maires ont opté pour le principe de précaution.
De son côté, contacté par DecodAgri, Jean-Christophe Girondin-Pompière, cofondateur de l’entreprise de conseils en agriculture Agroleague, s’est inspiré de l’initiative italienne pour lancer un appel le 21 mars dernier. L’objectif était de mobiliser un maximum d’agriculteurs pour qu’ils se tiennent prêts avec leurs pulvérisateurs, si jamais il fallait à aider à la désinfection des rues de France. Résultat, quelque 350 d’entre eux avaient répondu présents, mais attendaient le « go scientifique ».
Un « impact psychologique sur la population »
Une absence de réponse officielle sur laquelle DecodAgri a interpellé le ministère de l’Agriculture. Le 27 mars dernier, le conseiller presse et communication du cabinet de Didier Guillaume a répondu que les autorités scientifiques et l’Anses confirmaient que « la désinfection des rues ne sert à rien dans la lutte conte le coronavirus ».
Une semaine plus tard, le 2 avril 2020, la ministre de la Transition écologique s’est également prononcée sur le sujet (1). Auditionnée par la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, Élisabeth Borne a alors expliqué : « Nous souhaitons nous fonder sur l’avis des scientifiques, et donc le Haut Conseil de la santé publique a été saisi sur l’opportunité, en particulier, de faire des désinfections de rues. » Et d’ajouter : « Nous travaillons avec le ministère de la Santé et nous allons aussi saisir l’Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – sur les modalités et les recommandations en termes de désinfection. »
De son côté, l’Anses également contactée par DecodAgri le 27 mars dernier, s’est déclarée incompétente pour émettre un avis scientifique sur l’assainissement des espaces publics et a renvoyé à celle du Haut conseil de la santé publique (HCSP).
Saisi le 26 mars 2020 par la Direction générale de la santé, le HCSP a rendu un avis officiel ce mardi 7 avril (2) : « Tout en notant son impact psychologique sur la population, il recommande de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie, du fait de l’absence d’argument scientifique de l’efficacité d’une telle mesure sur la prévention de la transmission du SARS-CoV-2. » En ce sens, « il préconise aussi de continuer d’assurer le nettoyage habituel des voiries et d’assurer le nettoyage et la désinfection à une fréquence plus régulière du mobilier urbain, avec les équipements de protection habituels des professionnels. Enfin, il recommande de ne surtout pas employer d’appareils pouvant souffler des poussières des sols de type souffleurs de feuilles. »
À retenir : L’Anses se déclare incompétente à ce jour pour se prononcer sur l’utilité de la désinfection des rues dans la prévention de la transmission du Covid-19. Le Haut conseil de la santé publique a lui rendu un avis officiel défavorable, l’efficacité n’étant pas prouvée au regard des études scientifiques existantes.
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(2) https://web.archive.org/save/https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=791